mardi 28 janvier 2014

Le prix payé pour les énergies renouvelables, on marche sur la tête

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0203274231371-energies-renouvelables-la-france-appelee-a-reformer-ses-dispositifs-de-soutien-646123.php


Journal les Echos
ENERGIE ET ENVIRONNEMENT

Energies renouvelables : la France appelée à réformer ses dispositifs de soutien

28/01 | 12:30 | mis à jour à 15:08

Selon le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables contribuent à la crise du système électrique européen. Il appelle à une évolution « urgente ».



Il n’y a pas que l’ Allemagne à s’interroger sur les subventions aux énergies renouvelables (ENR). Un rapport officiel du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, organisme rattaché à Matignon, a également remis en cause les dispositifs de soutien mis en place par la France. « Les dispositifs de soutien aux ENR doivent évoluer de façon urgente », souligne le rapport. Et d’expliquer : « Le développement des énergies renouvelables qui ont atteint une certaine maturité technologique devrait reposer uniquement sur les mécanismes de marché », plutôt que sur des tarifs d’achat garantis quelle que soit la demande. « Si nécessaire, un système temporaire de rémunération complémentaire, tel qu’un système de primes, pourrait être instauré », estime-t-il.

Crise du système électrique européen

Ces tarifs d’achat subventionnés ont contribué à la crise du système électrique européen, qui menace « sérieusement » la sécurité d’approvisionnement, le pouvoir d’achat des ménages, la compétitivité des entreprises ainsi que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, ajoutent les auteurs de l’étude. La surproductiond’électricité en Europe, due à la baisse de la demande et la montée en puissance des énergies renouvelables, a entraîné un repli des prix de gros et l’arrêt de centrales thermiques devenues non rentables, notamment celles au gaz qui servent à couvrir la demande en période de pointe. « Les dix plus grandes compagnies d’électricité européennes ont annoncé l’arrêt de 38 gigawatts de capacité thermique d’ici 2015. A long terme, environ 40% de la capacité thermique actuelle risque d’être fermée pour des raisons économiques », pointe le Commissariat à la stratégie. Dans le même temps, la production de courant à partir de charbon croît avec l’effondrement du prix du CO2 sur le marché européen du carbone et le recul des cours mondiaux de cette ressource fossile fortement émettrice de CO2.
La mise en place de mécanismes de capacité, visant à rémunérer la disponibilité des centrales électriques, et non plus leur seule production, est « une réponse » à ce problème, estime le rapport. Si les prix de gros baissent, la facture des ménages et des entreprises augmente en revanche, car ce sont eux qui financent les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables.

Précarité énergétique

Cette dépense a représenté plus de 30 milliards d’euros en Europe en 2012. Elle « a entraîné une augmentation du nombre de personnes en situation de précarité énergétique en Europe », accuse le rapport. « D’autre part, elle a creusé le fossé de compétitivité entre les industries européennes et leurs concurrents situés dans d’autres pays du monde, particulièrement aux Etats-Unis ». « La situation pourrait se détériorer dans le futur », prévient au passage le Commissariat à la stratégie : les faibles prix de gros découragent les investissements, pourtant « nécessaires pour décarboner le secteur », tandis « le prix de détail va continuer à augmenter » avec la poursuite du développement des énergies vertes.

Prix plancher et plafond

Face à ce constat, le Commissariat a formulé des recommandations pour réaménager le système électrique européen. Augmenter le nombre d’interconnexions électriques entre les pays et étendre les Bourses de l’électricité à davantage de pays permettrait « d’optimiser l’adéquation de l’offre à la demande sur une zone géographique plus étendue ». Pour réduire les émissions de CO2, le rapport estime que la valeur de la tonne de CO2 doit atteindre de 40 à 50 euros sur le marché européen du carbone, contre 3 à 5 euros aujourd’hui. La mise en place de prix plancher et plafond donnerait en outre plus de visibilité aux investissements.
A LIRE EGALEMENT :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.